L’actualité locale étant en sommeil voici pour vous « cultiver » l’origine et le sens de quelques expressions connues de tous
–Coincer la bulle:Ne rien faire, se reposer.
Expression du XXe siècle d’origine militaire.
Elle se rapporte au travail de mise en place de certaines pièces d’artillerie lourde dont un élément devait être placé à l’horizontale, position confirmée par la bulle d’un niveau.
Une fois la bulle coincée entre les deux repères voulus, il n’y avait plus qu’à attendre, parfois très longtemps avant d’avoir à utiliser ou déplacer la pièce.
–Poudre aux yeux :Apparences flatteuses, mais trompeuses.
La poudre est ici la poussière, pas la poudre à canon ou celle de l’apothicaire.
Cette expression existe au moins depuis le XIIe siècle.
Elle signifiait auparavant « L’emporter sur quelqu’un », probablement par allusion à la poussière que soulève un coureur (à pied, à cheval…) en tête et qui gêne ceux qui le suivent.
Maintenant, avec son sens « d’éblouir par de fausses apparences », elle se rapporte plus à l’aveuglement que procurerait la poussière dans les yeux.
Décrocher la timbale :Obtenir un objet convoité, parvenir à ses fins.
Cette expression date du XIXe siècle.
Elle fait allusion aux mâts de cocagne, souvent dressés dans les villages et enduits de suif ou de savon pour les rendre glissants, au sommet desquels on accrochait des victuailles et/ou une timbale en argent, objets qui appartenaient alors à celui qui arrivait à aller les décrocher.
Mettre le feu aux poudres :Déclencher des réactions violentes ou des sentiments violents.
Aggraver une situation.
Le sens de cette expression est très concret : si on allume la mèche destinée à faire exploser la poudre, on va effectivement provoquer une explosion.
Au XVIe siècle, on disait « mettre le feu aux étouppes » (puis étoupes) pour « déclencher la colère » ou « déclencher une passion amoureuse ».
C’est dès le XVIIe siècle que la poudre a commencé à remplacer l’étoupe.
Mais au XVIIIe, l’expression d’origine avait aussi une connotation érotique car le feu symbolisait l’ardeur amoureuse et l’étoupe était, comme dans la marine (), ce qui servait à boucher un trou.
« Péter plus haut que son cul »:Agir prétentieusement.
Viser une situation ou un niveau social trop élevé pour ses compétences ou ses capacités.
Cette expression est attestée dès 1640.
Celui qui tenterait d’évacuer son trop-plein de gaz intestinaux par un endroit plus haut placé que l’orifice naturel et adapté tenterait bien quelque chose hors de sa portée.
Cette expression est une variante plus ‘sèche’ et forcément plus populaire (comme tout ce qui contient le mot cul) de « Péter plus haut qu’on a le derrière ».
Voir midi à sa porte:Juger quelque chose ou une situation selon son propre point de vue.
Les montres de poignet sont une invention très récente, à l’échelle de notre ère. Mais de tous temps les hommes ont voulu utiliser des moyens de repérer l’heure dans la journée ().
Les cadrans solaires ont eu leur ‘heure’ de gloire (pour tout savoir sur ces instruments de mesure : ).
Dans les campagnes, il était fréquent que soit installé un tel cadran sur la facade de la maison orientée au sud, la plupart du temps au dessus ou à proximité de la porte d’entrée.
Ainsi, lorsqu’un occupant de la maison voulait savoir l’heure qu’il était, et à la condition qu’il fasse soleil (petite contrainte incontournable), il lui suffisait de passer la tête à sa porte et de regarder le cadran. Et s’il était midi, il voyait midi à sa porte.
Mais l’imprécision des cadrans solaires ordinaires étant notoire, deux voisins, chacun avec son propre cadran solaire, pouvaient ne pas voir midi au même moment.
C’est ainsi que chacun voyait midi à sa porte et ensuite, le goût de l’Homme pour les métaphores à fait le reste.